Mon corps se mit a convulsé, les battements s’intensifiaient, la douleur… et quelle douleur. Le contact entre mes genoux rudes et ces draps tendus… quel frottement insupportable. J'étouffais, la gorge sèche… J'entrouvrais un œil et me réveillais doucement. J'étais dans mon lit, les draps tachés de sang. Mais alors que le mal était toujours présent en moi, je ne pouvais m’arrêter de sourire. Ces images déroutantes n’empêchaient rien a ce rictus rétif. Pourquoi ce sentiment de joie malgré le goût salé de mes larmes? Le souffle court, trempé de sueur et blessé, je savais. J'allais, non, je devais empêcher cela à tout prix.
Le reste de la nuit fut rude, mais après une rapide visite aux urgences pour soigner mes plaies, exténué, je m’endormis. Du petit matin, attendant jusqu’au moment crucial, posté tel une sentinelle à la sortie de l’école, je fus aux aguets à tous moments. Espérant l'opportunité de la revoir, contemplant la course du soleil dans la firme du temps, je patientais. Jusqu’à l’instant où, devant ces grilles où s'agglutinaient peu à peu des parents aigris, elle m’apparus. Debout parmis ces gens, elle attendait ce petit garçon. Habillée d’un sweet noir et d’un jean troué, ses cheveux bruns tombaient sur son visage, ne laissant dévoiler que peu de sa beauté. Sa peau blanche et suave provoquait en moi une attraction irrésistiblement cruelle et si délicate. Quel tourment se fut de ne pouvoir m'en approcher, de peur qu'elle ne me rejette… mais il y avait plus important encore, sauver la vie de ce jeune garçon. Et déjà se peignait, devant mes propres yeux, l’horrible toile de la nuie précédente. La pluie commençais à balayer les futurs spectateurs, s’abritant sous leurs hauts pédoncules, et les juvéniles écoliers, afférant de toute part, remplissaient la cour de leurs cris. Et alors qu'elle commençait à paniquer, fidèlement à ma vision, je saisi l’enfant à temps. Le car s'emboutit, comme il le devait, dans d'autres voitures. Le bruit attira l'attention, son attention. Ses yeux se posèrent sur nous, et je pus lire en eux comme une mère lit en son petit. Une mère, c’était bien ce qu’elle était. Un expression étrange se grimait sur son visage et en mon cœur soulevait un élan de crainte. Elle se précipita sur nous et me reprit le garçon des bras. D'un regard noir, elle me dit : "Espèce de malade! Ne t'approche plus de nous!".
Je les vis disparaître dans la foule éclatée comme le vent dissipe les nuages et avec elle, toutes mes espérances…
Le temps s'écoulait si vite, de nouveaux jours prenaient place. Mais ces quelques vifs souvenirs restés ancrés en ma mémoire marquée au fer rouge du remord. Et je me jurais de ne jamais la laisser encore me fuir sans qu'il n'y est plus aucun espoir de répit pour mon cœur tourmenté par ces douloureux et injustes supplices."Qui était-elle? D'où venait-elle? Pourquoi elle?"Tant de questions se bousculaient aux portes de mon ignorance, mais une seule pensée recouvrait les autres, une conviction qui taisait ce flot incessant, seule lueur d'espoir à laquelle je m'agrippais avec le peu de force qu'il me restait. Et chaque jour j'étreignais mon cœur tant cette douleur était présente, tant cette pensée était devenue un besoin vital. Nous allions nous revoir.
Commentaires
Toujours les memes mots, magnifique, beau, superbe, je ne ferais jamais mieux que toi ca c'est sur !